Avant de partir pour une nuit de veille :
Important : après votre soirée, mettez tout de suite vos batteries à charger pour être prêt pour le lendemain matin et le lendemain soir.
Restez aux aguets d’environ 19h jusqu’à au moins minuit (v. « guide d’observation des aurores boréales »). Plusieurs ondes de choc devraient se produire : l’aurore boréale va perdre de l’activité, puis va en regagner. Dites-vous qu’elles sont capricieuses : il suffit que l’on souhaite partir parce qu’il n’y a plus d’activité pour que l’aurore se réveille…
Aussi, en cas de grosse tempête solaire, il peut arriver que l’aurore boréale soit visible alors que le Soleil vient juste de se coucher (il peut faire encore jour), jusqu’à très tard dans la nuit. Il m’est ainsi arrivé de photographier une aurore en Islande vers 17h30 qui s’est achevée vers 5h du matin !
Si le froid vous gagne, profitez d’une pause de l’activité aurorale pour vous réchauffer : buvez une boisson chaude, bougez, mettez vos mains sous vos aisselles.
Prenez également régulièrement des nouvelles des autres membres de votre groupe.
Lorsque vous rentrez dans votre logement :
Toutes les régions situées sous le cercle auroral lors d’une activité moyenne sont idéales (c’est-à-dire à la latitude 60° - 70° Nord environ). Pour réaliser de belles photographies d’aurores boréales, vous devrez ensuite à tout prix vous éloigner des villes et de leur pollution lumineuse. En cas d’activité normale, les aurores apparaîtront sur les horizons Nord, de l’Ouest à l’Est, ou au zénith. Assurez-vous donc qu’au moins quelques-uns de ces horizons soient bien éloignés de toute ville importante. Aidez-vous de logiciels comme Google Maps ou Google Earth.
En Norvège, l’idéal est de trouver une plage orientée au Nord : cet horizon sera ainsi vierge de pollution lumineuse. En plus le vert de l’aurore se reflètera dans l’eau.
Avertissements : réalisez votre repérage de jour pour vérifier les accès : la nuit la neige bloquera la visibilité et vous pouvez vite vous retrouver enneigé ou bloqué par la glace. Attention également aux températures la nuit : en Laponie elles peuvent descendre sous -30°, ce qui correspond à la température de gel du gasoil arctique (-32°). En revenant de votre soirée, vous ne pourrez pas redémarrer votre voiture… Enfin, ne vous éloignez pas des routes. Si vous empruntez un chemin en voiture vous pouvez vite vous retrouver dans l’impossibilité de faire demi-tour et vous retrouver enneigé. Allez-y plutôt à pied.
Vérifiez que votre boîtier est en mode RAW. Sinon, la compression des images va détruire les étoiles les plus faibles et votre photo perdra des détails. Vous perdrez aussi toute la dynamique de votre capteur (les images sont encodées sur 12 ou 14 bits en RAW, contre 8 bits en JPEG). Il est indispensable de pouvoir utiliser toute cette dynamique car les intensités lumineuses des aurores varient très fortement.
Ouvrez votre objectif au maximum si celui-ci ouvre à F2.8. Pour un objectif qui ouvre à F1.4 par exemple, vous pouvez vous permettre de le fermer un peu : la mise au point sera facilitée et vous aurez moins de vignetage. Je ferme mon Samyang 24mm F1.4 à F2.2.
Déterminez ensuite le réglage ISO : sur mon EOS 6D, je reste la plupart du temps à 1600 ISO.
Dernier réglage : le temps de pose. Comme les aurores boréales peuvent être très brillantes, et sont soit lentes soit rapides, les temps d’expositions à utiliser varient fortement. De 2 secondes pour éviter une surexposition à plus de 10 secondes. L’idée générale est de réussir à figer l’aurore pour bien révéler ses draperies sur la photo, sans avoir trop de bruit.
Réalisez maintenant la mise au point. Attention, la position « infini » de votre objectif est rarement le bon réglage. Le meilleur moyen est de viser une source lumineuse brillante et très éloignée, comme une étoile brillante (ou à défaut un lampadaire lointain). Grossissez l’étoile au maximum avec le liveview. Faites ensuite la mise au point manuellement : l’étoile doit devenir aussi petite que possible.
Faites attention avec les optiques très ouvertes (<2.8) : la mise au point est délicate et on se retrouve vite avec une photo floue.
Au cours de la nuit, vous manipulerez très fréquemment votre appareil car l’aurore boréale se déplace tout le temps dans le ciel ; les parties brillantes ne se trouvent donc jamais au même endroit. Vérifiez donc très régulièrement votre mise au point, surtout si vous disposez d’une optique très ouverte.
Si vous souhaitez avoir un premier plan proche et net :
Pensez à toujours relier le ciel et la Terre : incluez toujours au moins un élément terrestre dans votre composition. Et bien sûr, appliquez les règles élémentaires de composition d’une photographie (règles des tiers, lignes de forces, etc.).
Une fois que vous aurez déterminé vos réglages pour la soirée, vous pouvez lancer un timelapse pour obtenir un beau souvenir de l’aurore boréale que vous aurez vue. Mettez votre appareil en « rafale », et verrouillez la prise de vue avec votre télécommande pendant une dizaine de minutes. Pendant que votre appareil tourne tout seul, vous pourrez profiter du spectacle.
La transformation en vidéo se réalise ensuite avec un logiciel comme Virtual dub. Certains plugins comme MSU Motion Estimation sont capables de calculer de frames d’interpolation, ce qui permettra de ralentir le film. Vous retrouverez ainsi la vitesse de mouvement originale de l’aurore boréale. J’ai utilisé cette technique pour le timelapse ci-dessous, pris en 2013 :
Pour réaliser une photographie panoramique de qualité, vous devez être équipé d’une rotule panoramique. Pendant la prise de vue, veillez à ne pas faire de « clics » sur la base (desserrez les freins), sous peine de faire vibrer l’appareil. En effet, vous devez enchaîner les prises de vue unitaires du panoramique très rapidement car l’aurore bouge. Vous n’aurez pas le temps d’attendre que l’appareil se stabilise.
Vous devrez donc faire des recouvrements à la louche. Rassurez-vous, quel que soit le recouvrement réalisé, les logiciels d’assemblages panoramiques se débrouilleront très bien. J’utilise l’excellent PTGui.
Attention :
Le traitement informatique du panoramique sera ensuite similaire à la technique utilisée pour réaliser un cliché représentant l’arche de la Voie lactée.
Les appareils de dernière génération (comme la série des Sony Alpha 7s) sont maintenant capables de filmer en temps réel les aurores boréales. N’ayant encore jamais expérimenté cette discipline, je vous invite à consulter les travaux de certains photographes spécialistes comme l’excellent Stéphane Vetter.
La première fois que j’ai vu une aurore boréale, je me suis précipité sur mon appareil photo. L’aurore bougeait à une vitesse incroyable. Le temps de déployer le trépied, sortir l’appareil du sac, faire les réglages… et l’aurore était terminée. Je m’étais pourtant préparé en moins de 5 minutes. Je n’ai donc même pas profité de cette première fois.
Moralité : si une aurore boréale rapide se déroule au-dessus de vos têtes et que votre matériel photo n’est pas prêt, laissez-le là où il est et profitez du spectacle. Les aurores rapides sont souvent très éphémères.
Enfin, essayez de prendre des photos aussi machinalement que possible. Une fois votre composition et vos réglages faits, lancez des rafales pour profiter du spectacle. Votre série de photos vous permettra de réaliser un timelapse. Certaines photos seront aussi meilleures que d’autres car vous aurez capté ce bref moment pendant lequel l’aurore était la plus spectaculaire…
Pour vous aider à débuter ou progresser en astrophotographie avec votre réflex ou votre hybride, j’ai réuni en un livre électronique de 215 pages des techniques issues de plus de 15 années de pratique de la discipline.
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